Activité antivirale des huiles essentielles
La pandémie actuelle lié au coronavirus COVID-19 nous pose la question de l’intérêt de l’utilisation des huiles essentielles dans la stratégie thérapeutique de lutte contre les infections respiratoires virales.
Pour essayer de répondre à cette question, il faut noter qu’il est souvent difficile de comparer entre eux les résultats publiés autant du fait de la variabilité des huiles essentielles – pas toujours prise en compte par les auteurs – que de l’absence de protocole normalisé pour l’évaluation in vitro de leur propriété. Mais voici ce que nous disent plusieurs de ces études, articles ou bibliographie relative au thème des propriétés antivirales des huiles essentielles.
Activité antiseptique atmosphérique des huiles essentielles
Le premier intérêt des huiles essentielles, et pas des moindres, est de mettre à profit dans ces temps de confinement, leur activité antiseptique atmosphérique. En effet, le COVID-19 se propage dans l’air ambiant et la contamination est maximale dans un lieu confiné. Pour limiter les risques de contamination, il est donc important de pouvoir assainir l’air ambiant dans sa propre maison en diffusant des huiles essentielles à l’aide d’appareils adaptés comme les nébuliseurs ou les brumisateurs. Bien entendu, une bonne aération de toutes les pièces de la maison est nécessaire et ce, plusieurs fois par jour. Le protocole de diffusion devra être adapté en fonction des appareils utilisés, mais en général il est conseillé de diffuser par cycle de 10 à 15 minutes, 3 à 4 fois par jour. Il faudra toutefois faire attention aux personnes sensibles tels les enfants de moins de 3 ans, les femmes enceintes ou allaitant ou encore les personnes asthmatiques ou épileptiques.
Pour la diffusion atmosphérique, les huiles essentielles riches en aldéhydes, en carbures monoterpéniques ou en 1,8 cinéole seront les plus intéressantes. Elles vont limiter la prolifération des germes pathogènes dans l’air ambiant et sont donc qualifiées d’antiseptiques atmosphériques.
Nous retrouvons dans les huiles essentielles antiseptiques atmosphériques, celles riches en citronellal et citrals comme l’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), la citronnelle de Ceylan (Cymbopogon nardus), le lemongrass (Cymbopogon flexuosus) ou encore la litsée citronnée (Litsea citrata).
Aussi, les huiles essentielles riches en limonène (monoterpène) seront très intéressantes. Il s’agit des essences extraites des zestes des Citrus tels le citron jaune, l’orange douce, les mandarines rouges et vertes, le pamplemousse, le combava, etc.
Les huiles essentielles riches en alpha-pinène sont également d’excellents antiseptiques atmosphériques et sont retrouvées dans les aiguilles de pins (Pinus sp. : pin sylvestre, pin maritime, pin des montagnes, etc.) ou de sapins (Abies sp. : sapin baumier, sapin de Sibérie, sapin blanc, etc.).
Enfin, les huiles essentielles riches en 1,8 cinéole sont d’excellentes antiseptiques atmosphériques. Nous retrouvons les huiles essentielles de ravintsara (Cinnamomum camphora CT 1,8 cinéole), de romarin officinal (Rosmarinus officinalis CT 1,8 cinéole), d’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata) ou de niaouli (Melaleuca quinquenervia).
Propriété antivirale des huiles essentielles
Le deuxième intérêt majeur de l’aromathérapie dans la lutte des infections virales respiratoires est bien entendu leur propriété antivirale remarquable. Il ne s’agit pas en réalité de toutes les huiles essentielles présentes sur le marché (environ 300) mais uniquement de celles qui contiennent certains composés biochimiques particuliers : phénols monoterpéniques, eugénol, alcools monoterpéniques, époxydes monoterpéniques, aldéhydes monoterpéniques ou aromatiques.
Cette activité antivirale découle en réalité de la forte liposolubilité des huiles essentielles, leur permettant de pénétrer dans l’enveloppe des virus, qui est constituée de lipides. Elles seront donc plus actives sur les virus enveloppés (comme les virus de la grippe ou de l’herpès) que sur les virus nus.
Lors d’infections virales (herpès, zona, grippe et par extension coronavirus), les huiles essentielles représentent une alternative thérapeutique sérieuse démontrée dans un certain nombre d’articles. Le couple 1,8-cinéole / alcools monoterpéniques (comme l’alpha-terpinéol) est sans aucun doute l’association la plus pertinente et la plus documentée pour ses propriétés antivirales. Ce couple est réputé être très utile pour traiter les infections virales touchant la sphère respiratoire les plus répandues dans les régions tempérées. Nous retrouvons par exemple les huiles essentielles de ravintsara (Cinnamomum camphora CT 1,8 cinéole), de niaouli (Melaleuca quinquenervia), de saro (Cinnamosma fragrans) ou encore d’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata).
Le couple oxyde de linalol / linalol possède également une activité antivirale au niveau de la sphère respiratoire basse (bronches) et concerne l’huile essentielle d’hysope des montagnes (Hyssopus montana ou Hyssopus officinalis var. decumbens). Il faut ici préciser que le pourcentage de cétone de cette huile essentielle est très faible lui conféraant une très faible toxicité, contrairement à l’huile essentielle d’hysope officinale (Hyssopus officinalis), pouvant être elle très toxique en particulier chez les enfants.
Les virus sont, en général, très sensibles aux molécules aromatiques, et certaines pathologies virales graves sont susceptibles d’être très nettement améliorées grâces à elles. Fait du plus haut intérêt, mis en lumière lors de recherches fondamentales et d’expérimentations cliniques, les cellules saines des patients soumis aux traitements aromatiques semblent pouvoir acquérir une résistance toute particulière vis-à-vis de la pénétration virale. Il a été démontré cliniquement que les cellules humaines saines devenaient plus résistantes à la pénétration virale après un traitement avec des huiles essentielles, et qu’il y avait une synergie entre un traitement antiviral de référence et certaines huiles essentielles (Oseltamivir et huile essentielle de Melissa officinalis) donnant de meilleurs résultats que l’utilisation seule de l’antiviral de référence. Il s’agit là bien entendu de quelques pistes scientifiques et non de résultats liés à des essais cliniques pertinents, mais toutes les possibilités doivent être à ce jour prises en compte à la vue du contexte actuel.
Références.
Le grand guide des huiles essentielles. Dr Fabienne Millet. Edition Marabout 2015.
L’aromathérapie exactement. Pierre Franchomme, Roger Jollois, Daniel Pénoël. Edition Roger Jollois 2001.
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